Joan Palà

C’est lentement qu’on arrive au dépouillement. Par un chemin long et douloureux. On élimine, on supprime, on renonce à beaucoup de tentations. On découvre alors, lentement, des rapports essentiels, la juxtaposition de quelques formes, de quelques lignes, de quelques angles, et l’espace précis qui les unit. Les forment se suffisent à elles-mêmes, porteuses du contenu émotionnel. Joan Palà



Repères biographiques :

Joan Palà est né à Barcelone (Espagne) en 1922. Il suit son enseignement artistique à l’Ecole des Beaux-Arts de Barcelone (1940-1945). Il obtient, en 1948, une bourse d’études pour deux années de l’Institut Français (Paris). Au début de sa carrière, l'artiste catalan, pour se préserver de l'attraction de Picasso et de Miro, part vivre et peindre à New-York pendant cinq ans (1950-1955). C'est à Paris qu'il s'installe à son retour (1955), avec dans ses bagages Barnett Newman et Sol Lewitt, Brancusi et Tony Smith, des maîtres à penser qui lui offrent son chemin de liberté dans l'abstraction construite. C’est au milieu des années soixante que l’artiste se converti à l’art austère dont il deviendra un artiste de référence ; Joan Palà sculpte des formes épurées, souvent conçues en aluminium massif. Il s'agit de formes cubiques, de parallélépipèdes biseautés, de formes architecturales carrées qui parfois s'emboîtent ou coulissent, ajustées au millimètre près. Ses rigoureuses formes géométriques procèdent d'un art mental. La sensibilité s'exprime dans le matériau, l'arête, le volume, l'ordonnance parfaite de l'essentielle simplicité. Ne cherchons aucune théorie, ni aucun système de construction. C'est l'intuition seule qui mène l'artiste vers la contemplation d'une plénitude qui prend corps dans une forme minimale. Noirs, gris, satinés, doux au toucher, exacts, essentiels, monumentaux en soi, équilibrés, suspendus, couchés, imposants, questionnant, ces volumes cubiques sont tout avec peu, des instants d’éternité, des habitacles pour pensées supérieures mystérieusement cachées à l’intérieur. En 2005, une exposition de ses œuvres est organisée par le Musée des Ursulines (Mâcon), musée qui héberge des oeuvres d'Aurélie Nemours, de Josef Albers et de nombreux artistes s'exprimant dans l'abstraction construite ; là, ces sculptures dialogueront en silence et en étroite sensibilité avec les peintures d'Eve Gramatzki. Il y a chez Joan Palà affirmation de la primauté de l’espace dont l’artiste entre véritablement en possession. Sa sculpture compacte, géométriquement parfaite, polie, monochrome, conçue généralement en aluminium, rapproche Palà des minimalistes américains. Il a reçu le prix Bourdelle en 1983.
L’œuvre de Joan Palà est présente dans de nombreuses collections publiques et l’artiste a réalisé plusieurs commandes monumentales.


Bibliographie :

* « Joan Palà », Ed. Musée Bourdelle, Paris, 1984
* « Joan Palà », Christophe Duvivier, Ed. Musée de Pontoise, 1996
* « M.-T. Vacossin, K. Fritz et J. Palà », Cat. Galerie Emilia Suciu, Ettligen (Allemagne), 2003
* « L’Abstraction géométrique vécue », Gunilla Lapointe, Ed. Musée de Cambrai, in La Lettre Mensuelle,
Fev. 2004
* « Joan Palà, sculptures 1955-1995 », Marie Lapalus, T. Mignon, Cat. Musée des Ursulines, Mâcon, 2005
(Voir ci-contre)