Repères biographiques :
Léon
Zack est né à Nijni-Novgorod, en Russie, en 1892. Son premier maître
sera Jakimtchenko. Puis il travaille à Moscou dans les ateliers de
Mashkov et de Rerberg, le fondateur du groupe « Valet de carreau », en
opposition à l’académisme régnant. Léon Zack exposera pour la première
fois en 1907 au Salon de la Fédération des Peintres Moscovites, tout en
poursuivant ses études de lettres à l’université. En 1913, le jeune
étudiant hésite entre la peinture et la poésie.
Il
fuit la Russie en 1920 avec sa femme et leur bébé Irène. Ils vivent à
Constantinople, puis à Rome, Florence avant de s’installer à Paris où
Zack rencontre Picasso et Larionov. Deux ans plus tard, il crée à
Berlin les décors et costumes pour les ballets russes de Boris Romanoff
et réalise ses premières lithographies. Il se fixe définitivement à
Paris en 1923.
En
1930, Zack adhère au groupe du néo-humanisme - à contre-courant du
cubisme - et participe à de nombreuses expositions à Bruxelles,
Amsterdam ou Prague. Sa peinture est toujours figurative, la
représentation humaine très importante.
Zack
participe à tous les grands salons : Mai, Indépendants, Réalités
Nouvelles, Comparaisons, Art sacré, etc. A partir de 1946, sa peinture
se modifie et se libère de la figuration. Des traits noirs torturent
les contours des visages. Peu à peu, l’abstraction devient une
évidence. D'abord au couteau, puis par de grands lavis. Les nœuds
deviennent omniprésents, répétitifs, traduisant ses tourments et ses
angoisses. Jusqu’en 1955, l’abstraction géométrique domine, elle se
transformera en lyrique, la forme devenant de plus en plus épurée,
spirituelle.
Léon
Zack comprend peu à peu que le sujet lui-même n’a plus d’importance,
que seules les nuances, les formes comptent. Il participe aux origines
de l’abstraction informelle et sera l’un des précurseurs et des grands
représentants de la tendance « nuagiste ». La philosophie prend de plus
en plus d’importance dans sa vie et son œuvre.
La
dualité sera omniprésente dans son œuvre. Le juif devenu fervent
catholique, le russe devenus français…d’où son intense activité
créatrice : illustrations, création de décors et costumes pour le
théâtre, création de carton pour la tapisserie, interventions multiples
dans le domaine de l’art sacré (chemins de Croix, vitraux, autels,
etc.), textes poétiques qu’il illustre lui-même.
En 1977, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre une grande rétrospective. Léon Zack s’éteint à Paris en 1980.
Article : Léon Zack Les années d’abstraction
La
peinture de Léon Zack se révèle à celui qui prend le temps de converser
avec l’espace habité de lumière de l’artiste pour u dialogue spirituel.
Pour la peintre, nous « transposons ce que nous recevons ». Sur la
surface mouvante, des taches semblent se mouvoir sous la pression
d’attractions mystérieuses. Des espaces interstellaires sont traversés
par des nuées diaphanes ponctuées de traces noires, diagonales plus ou
moins appuyées pour suggérer cet infini spatial, ce creusement
vertigineux qui introduit une illusion d’optique au service d’une
certaine objectivation de la pensée et du sentiment. « J’ai besoin
d’une sorte d’objet, d’une corporalité », confie Zack. Ces formes qui
expriment la matière requièrent des épaisseurs qui vont progressivement
régresser jusqu’à l’effusion cristalline traduite par une gamme
déclinant le noir aux gris et aux blancs. Simultanément, les cumulus
sont pris dans des éclairages blanchâtres, pour des apparitions
moléculaires, des empreintes soumises à des mouvances monochromes,
rehaussées d’un brun, d’un outremer. L’univers de Léon Zack se laisse
appréhender comme un corps évanescent, qui lui a fait rejoindre le
courant abstrait après la guerre. La surface se dilate sous la pression
de mutations, elles-mêmes offertes à la magie lumineuse qui introduit
des frémissements sur la couche picturale. Tout bruisse, effleure à
partir d’une touche spontanée et fusionnelle, de subtiles harmoniques
dont la technique à l’huile permet à l’artiste de diversifier les
effets physiologiques. Léon Zack dialogue, entre univers visible et
invisible, avec la forme, la matière et la lumière. Lydia HarambourgGazette Drouot n° 43 du 7 décembre 2007 (page 340)
Bibliographie :
* « L. Zack. Ecrits inédits et autres textes », in Revue Perpétuelles, Art et Conjonctions, Paris, 1987* « L. Zack ou l’instinct du ciel », J.-M. Maulpoix Ed. de la Différence, Paris, 1990 * « Léon Zack », Alain Pizerra, Collection L’Autre Musée, Ed. La Différence, Paris, 1991 * « Léon Zack », G. Boyon et autres, Cat. expo, Maison des Princes de Pérouges (Ain), 1993 (Voir dans Repères biographiques) * « Léon Zack », P. Cabanne, Catalogue raisonné de l’œuvre, Les Ed. de l’Amateur, 1993 (Voir ci-contre).
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